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                                                   OU ETAIS TU ?

 

 

Où étais tu ?

Des jours, des nuits à te chercher,  dans l’espoir d’entendre quelques mots.

Des matins embrumés cherchant ton regard à travers les nuages, le ciel, l’infini. Des soirs d’hiver à regarder danser les flammes dans l’âtre, qui sculptaient leur lumière sans jamais laisser apparaître ton visage.  Des rivières aux reflets d’argent dont le chant retenait les mots que tu aurais pu me souffler. Des arbres dansant sous le vent,  ou se confondant avec les collines mais pas une seule fois ton visage se dessinant à travers  les feuilles. Des vagues interminables, lancinantes, envoutantes mais jamais tes formes dans l’écume. Des rochers sur mes parcours, dont les visages se découpaient dans  l’azur laissant parfois apparaître des silhouettes d’animaux mais pas la tienne. Des centaines de personnes croisant le chemin de ma vie mais aucune ayant avec moi autant de complicité qu’avec toi.

 

Où étais tu ?

Je t’ai cherchée, appelée, priée, ma voix et mon esprit se noyant dans le néant. Ce vide, si grand, si vide, béant devant la toile où je n’arrivais plus à m’élancer comme un oiseau plonge de son promontoire et vole de monts en monts. Mes pinceaux ne pouvaient plus caresser la toile car tu n’étais plus là pour guider ma main. Ces tubes salis, à moitié entamés, vieilles reliques d’instants de joies et de frénésie créatrice dormaient dans leur valise, elle aussi abandonnée dans l’abri de jardin.

 

 

Où étais tu ?

La galerie où les paysages parlent aux abstraits. J’y allais souvent. Elle me parlait de ta présence, de ces moments intimes passés ensemble. Je m’y sentais presque étrangère car je n’osais croire que tout ce décor coloré était juste un cadeau passager de ta part. Tout me parlait de toi, les couleurs, les formes qui révèlent ton âme. Une âme qui s’était envolée sans le moindre avertissement, dès que mon esprit était occupé à des choses plus matérielles. Fallait-il que nous soyons toujours en connexion totale pour que tu restes auprès de moi ? As-tu été vexée que je ne puisse avoir le temps de te retrouver ? Je m’en excuse. Ce n’est pas de l’ingratitude de ma part, juste un moment d’égarement dans ce monde qui laisse si peu de temps à la poésie et à la rêverie et dont le piège se referme parfois sur nous sans avertir.

 

Où étais-tu ?

J’espérais voir les contours de ton visage se dessiner sur mon écran d’ordinateur. Le clavier résonnait chaque jour de ton absence. Les lettres dénuées de sens restaient figées,  mes doigts n’arrivant plus à sculpter des mots et les phrases que j’attendais tant.  Ma plume aussi restait stérile, refusant la feuille de papier blanc comme si tu craignais de t’y noyer et  d’emprisonner ton âme à tout jamais

 

Où étais –tu ?

Avais tu pris asile dans mon sommeil  ou était-ce une illusion de ma part quand les yeux mi clos, j’ai commencé à voir des formes, des couleurs danser sous mes paupières ? Etait-ce une illusion quand l’aube s’est levée d’entendre quelques mots au creux de l’oreiller que j’ai notés pour m’élancer dans un prochain écrit ? Etait-ce une illusion lorsque la toile blanche qui se découpait dans la pénombre m’a ordonnée de l’accompagner dans le jardin pour y coucher tes couleurs ? Etait-ce une illusion quand ma main s’est élancée, s’est à nouveau émerveillée de pouvoir enfin virevolter dans ton monde, notre monde.

Tu es revenue, tu es là. L’illusion s’est dissipée. Merci d’avoir guidé ma main pour t’écrire ces quelques mots.

 

 

                                                                                                             

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